Histoire de Goupillières

Sur le plan étymologique, le nom de la commune vient du latin « vulpes » qui signifie goupil. En raison des nombreux renards dans les bois, le village a pris le nom de Goupillières, ses habitants sont les goupillièrois(es). La population est de 564 habitants au dernier recensement de début 2022.

La superficie est de 563 Ha dont 373 Ha de superficie agricole, 100 Ha boisés et 90 Ha d’agglomération. La superficie étendue de la zone urbaine s’explique par le caractère clairsemé de l’habitat. L’altitude est de 173 m près de l’angle de la CD11 et de la rue de l’Eglise et 120 m au Lieu-dit la Justice.

L’histoire de Goupillières se décline sous plusieurs aspects.

Démographie

A la révolution française, la commune comptait 395 habitants. En 2006, la barre des 400 habitants est franchie, et en 2016, c’est la barre des 500 habitants qui est franchie.

AnnéePopulation
1690345
1789395
1860393
1900287
1954169
1975289
1990358
2000383
2006433
2013487
2016505
2022564

Histoire

L’occupation humaine du territoire remonte à la préhistoire, comme l’atteste la mise à jour de silex taillés. L’origine du village est incertaine mais le nom d’Etienne de Goupillières est mentionné dès 1076 dans une charte cédant au prieuré de Maule une de ses terres. Le site de Goupillières appartient à la famille Villeneuve de 1270 à 1464, puis à la famille Vitry jusqu’en 1535. De 1569 à 1609 environ, Jacques de Paillard, écuyer et seigneur de Jumeauville est seigneur de la commune. 

Guy Lucas de Goupillières obtient le droit en 1586 de tenir taverne et cabaret moyennant 4 écus par an. En 1619, la famille de Nicot entre en possession de la seigneurie et la conserve jusqu’à sa cession en 1648 à Jean Lecoq, conseiller au Parlement.

Une grande place trônait contenant 4 arpents autrefois plantée en ormes et était située devant la tour seigneuriale au-delà du parc. En 1703, existait un moulin à vent à Goupillières et se trouvait en face du bois des Fontaines. Ce moulin édifié par le seigneur puissant Claude de Longueuil Chevalier, tournait et moulait le blé faisant de la farine et était appelé le Moulin de la Boissière. En 1759, le seigneur de Goupillières possédait encore deux piliers : deux colonnes de pierre, signe de son pouvoir de haut justicier, à la droite d’un calvaire établi au champ que l’on nomme aujourd’hui « la justice de Goupillières » En 1789, Alexis Lallemand-Lecoq fut le dernier marquis de Goupillières, ancien Maître des requêtes au Conseil d’état. L’héritage revint aux enfants de sa sœur : famille Brossin comte de Méré.

Plan de 1782

En 1678, la châtellenie est érigée en marquisat par Louis XIV pour Jean-François Lecoq, qui a par ailleurs ouvert la première école de Goupillières en 1674. En 1693, existait une tour en ruine nommée la tour de la seigneurie de Goupillières encerclée de fossés et munie d’un ancien pont-levis. Il y avait colombier et dépendances, couverte de tuiles où l’auditoire et le lieu rendait la justice seigneuriale et où était le cachot de la justice. Par ailleurs, en raison de la présence d’un pressoir et de fours, les habitants de la commune étaient tenus de porter leurs fruits à presser et faire cuire leur pain au sein du village, sous peine de confiscation du pain et des fruits au profit du seigneur ou d’amendes.

Ecole

Avant 1833, il n’existait pas à Goupillières d’enseignement régulier. Néanmoins, une grande partie des habitants à cette époque et qui n’étaient plus en âge de fréquenter l’école savaient lire, écrire et compter. Il s’avère que des personnes ayant reçu des notions élémentaires de notre langue se sont occupées d’instruire les autres. A cet effet, une vieille fille connue sous le nom de ‘la boiteuse’ instruisait les enfants et principalement les filles. Vers 1810, Jean Hourdeau qui exerçait la profession de tailleur d’habits recevait chez lui des jeunes gens auxquels il apprenait à lire, écrire et calculer. Jérôme Manciee, cordonnier de son métier a poursuivi cet enseignement auprès des enfants entre 1810 et 1825.

Par la suite, un dénommé Baucher, qui sans avoir de titre légal était connu dans le village sous le nom de ‘maître d’école’ ou magister. Il était aussi tailleur d’habits et possédait quelques biens avec un âne et une vache. Il instruisait et confectionnait des habits dans son étable. Cet enseignement n’était pas obligatoire et en profitait qui voulait et avait les moyens, sachant que la rétribution n’était pas fixe : il fallait compter 75 centimes par mois et par élève. Pour compensation, il lui était donné avec les 15 sous du mois du pain, du beurre, des œufs…

L’éducation portait sur les trois matières principales : la lecture, l’écriture et le calcul. Les gens avaient recours à ces magisters, qui étaient les savants du pays, pour faire des contrats, quittances, baux… Monsieur Henry a été nommé instituteur de Goupillières en 1833 par l’administration supérieure où il exerça jusqu’en 1851. Sa renommée fut vite faite et la plupart des enfants des communes avoisinantes vinrent à l’école de Goupillières, de sorte qu’il se retrouva de nombreuses fois avec plus de cent élèves des deux sexes. Seulement, ne pouvant plus accueillir les enfants de la commune puisque l’école était remplie, la commune décida en 1850 par délibération que l’école ne recevrait plus d’enfants venant de villages alentours.

Toutefois, la commune ne possédait pas de local, aussi, celle-ci loua au Bout Lambert (Bois Lambert aujourd’hui) une maison appartenant à Maurice Thibaut. Monsieur Henry y fit classe pendant 16 ans, puis il s’est fait construire lui-même une maison qu’il a louée à la commune et dans laquelle il fit l’école. Il était payé 200 frs par mois par l’état et recevait entre 12 et 25 sous par mois par chaque élève. Une moyenne de dix élèves était accueillie à l’école gracieusement.

En 1856, la commune acheta la maison de Monsieur Henry qui est actuellement la mairie. En 1857, la salle étant insuffisante, la commune fit construire une salle de classe et le logement de l’instituteur, séparés des bâtiments servant de mairie. En 1877, la commune fit agrandir la cour de l’école, bâtir une citerne et construire un préau pour abriter les enfants. Au 1er janvier 1878, l’école devient gratuite et la commune obtient des subventions pour le traitement de l’instituteur. L’école devient aussi obligatoire, car les parents retiraient leurs enfants de l’école dès les beaux jours pour qu’ils travaillent avec eux, aussi, l’instituteur devait dès l’hiver reprendre toutes les leçons.

En 1899, l’école est fréquentée par 39 élèves (21 garçons et 18 filles). Des cours du soir existaient également, payés par les élèves au point de départ, puis ce fut gratuit en 1866 pour attirer un plus grand nombre de jeunes gens et d’adultes. Les maîtres touchaient alors une indemnité par l’état ou le département et quelquefois par la commune. Certains de ces élèves ont obtenu leur certificat d’étude. Une caisse d’épargne scolaire a été organisée en 1875 suivant les instructions de l’autorité supérieure et jusqu’en 1879, 20 élèves ont versé leurs épargnes somme reçue lors de la distribution des prix). Une caisse des écoles a été également créée à peu près à cette époque afin de venir en aide aux familles indigentes, subventionnée par le conseil municipal. Un musée scolaire s’est également installé, se composant de quelques minéraux et bois trouvés dans les alentours, fleurs et plantes suivant la saison. Le tout était expliqué aux enfants sous forme des bienfaits médicaux et alimentaires.

Bibliothèque scolaire

La bibliothèque scolaire a été fondée dans l’intervalle de 1863 à 1870 et se situait sur les rayons des archives de la Mairie et y est restée jusqu’en 1877. Des travaux ont été effectués ensuite à l’école et les livres y ont été installés. Il y avait 93 volumes dont la plupart étaient religieux et provenaient tous de dons. En 1898, 388 livres étaient présents au sein de la bibliothèque.

Le château

En 1535, le fief de Jouy à l’ouest de Goupillières appartient à Charles de Maubuisson et se situait au lieu dit le Parc de Jouy. Le fief est vendu par ses enfants en 1575 à Antoine Portail, chirurgien et valet de chambre du roi. Suite à de longs procès entre seigneurs et habitants de la paroisse de Goupillières à propos des fours et du moulin,les habitants sont condamnés et en 1581, François de Fontaine devient en échange seigneur de Jouy. En 1613, la seigneurie passe à la famille Jean de Nicot, secrétaire et conseiller du roi. La seigneurie fut achetée par Jean Lecoq chevalier et seigneur de Corbeville en 1648.

En février 1678, Goupillières est érigée en Marquisat en faveur de Jean-François Lecoq seigneur des porcherons de Goupillières. Un de ses descendants achète en 1714 à Messire Jean-Baptiste Lhermitte, écuyer et sieur de Jouy le château et fief de Jouy, enclos fermés de murs, plantés en arbres fruitiers et bois.

En 1719, Maître Lecoq vend l’ancien château du fief de Jouy à Simon Cannée, marchand drapier au faubourg de Mantes, consistant en une grande maison couverte de tuiles. Le château n’existait plus lors dela confection du cadastre et a dû être démoli au commencement du 19ème siècle.

En 1900, l’emplacement s’appelait toujours le parc de Jouy où l’on y voyait encore le puits du château et quelques traces de murs. Il ne reste à ce jour que le puits couverts de lierre, cet ancien domaine de deux hectares est ceinturé par le chemin de la Croisette, le chemin des Marchands, la route du bas de Goupillières à Hargeville et la route de la place Bieuville au carrefour de l’église.

Eglise Saint Germain de Paris

Sa paroisse date de 1076, son patron était Saint Germain, ancien évêque de Paris décédé en 376. Vers 1174, Guillaume archevêque de Sens et Légat du Pape confirme les biens de l’abbaye de Neauphle le Vieux dont parmi ses biens, l’église Saint Germain de Goupillières ‘Ecclesiam Sancti germani de Vulpiliers’. Cette forme latine est la traduction du nom latin Vulpes qui signifie renard comme Goupil en français.

C’est au XVIème siècle que l’église primitive du XIème siècle qui a presque disparue est agrandie, seul subsiste un portail de l’époque romane. Aux pieds droits de ce portail sont assemblés des colonnettes à chapiteaux ornés de feuille d’acanthe. La nef comprend quatre travées dont les baies en plein centre sont refaites en béton au cours des années 1950. La nef et le chœur sont en bois et pierre dont une poutre marque la séparation entre le chœur et la nef tandis que d’autres font office de pilier ou soulignent les corniches. Le tabernacle (petit meuble qui reçoit le ciboire et les hosties consacrées) date du XVIIème siècle et est en bois doré. Il représente une architecture qui comporte deux « atlantes » à chaque extrémité de l’édicule. Entre eux, la porte est décorée d’un personnage en bas-relief disposé sous une arcade sur laquelle quelques émaux sont encore visibles.

Charles de Maubuisson, seigneur de Jouy fut inhumé dans l’église de Goupillières où l’on voit encore son tombeau. En 1776, Chanay horloger à Saint Hubert (Hameau des Essarts du Roi) proposa un devis pour la fourniture d’une horloge pour le clocher sur le modèle de Senlis. Avant la révolution, la paroisse faisait partie de la Doyenneté de Poissy et actuellement, elle fait partie de celle de Montfort l’Amaury. En 1805, la cloche de l’église a été bénie par Louis-Antoine Vant, curé. Son nom est Anne-Elysabeth et a été choisie par Monsieur Loret et son épouse, Madame Fournier en présence du Maire Monsieur Cagnard de Morcourt et son Maire Adjoint Monsieur Denis René Lurois.

Curés de Goupillières

  • 1535 : Guillaume de Maubuisson, fils de Charles, seigneur de Jouy
  • 1617 : Gaspard de Méré
  • 1658 : Claude Baron.

Géographie et commerce

D’après une étude menée en 1900 par un élève de Goupillières, Emile Lurois et grâce aux habitants de Goupillières, nous apprenons qu’autrefois… existait au Vieux Moutier (moutier en vieux français signifiant monastère) un monastère, qui fut remplacé par une église catholique par les habitants du village. Cette église fût brûlée à l’époque des guerres de religion par les protestants entre 1550 et 1600 L’ancien cimetière se trouvait en face de cette église, de l’autre côté de la route allant à la justice, c’est aujourd’hui le lieu dit de ‘l’ancien cimetière’. Le cadastre fut établi en 1819 où il y avait 2 604 parcelles.

Goupillières est essentiellement à cette époque un pays agricole. On y trouve aussi quelques carrières appelées : – de la Justice, approvisionnant toutes les communes de calcaire grossier et employé à la construction; – des grands bois situé sur le plateau à l’ouest du territoire, fournissant la pierre nécessaire à la construction et entretien des routes et chemins de toutes les communes alentour. L’élevage des volailles fait l’objet d’un commerce important ainsi que le lait des vaches qui est vendu directement à des laiteries de Paris, mais l’élevage du bétail n’est pas très prisé.

Deux commerçants en gros achètent sur place les produits des cultivateurs dont principalement la paille, les fourrages et l’avoine et expédient ensuite ces marchandises à Paris. Les marchés fréquentés par les cultivateurs sont ceux de Mantes pour les céréales, volailles, Neauphle pour les pommes de terre. 

La nature du sol était de bonne qualité, très productive : argileuse, calcaire, siliceuse et silico-calcaire. Les principales cultures étaient des céréales (seigle, orge…), les fourrages (luzerne, trèfle…), les betteraves fourragères et pommes de terre. On y trouvait aussi beaucoup d’arbres fruitiers (poiriers, pommiers, pruniers…).

Toutefois, la commune étant bâtie sur le versant nord d’u coteau, le climat à l’époque était rude et causait de nombreuses bronchites dues au vent du nord violent. L’exposition de Goupillières au vent du Nord rendait la végétation et les produits des jardins tardifs.

Il n’y a aucune rivière à Goupillières et l’eau était très rare sur ce versant, aussi, les deux seules sources servaient à alimenter les deux fontaines et un abreuvoir. Goupillières était desservi par l’omnibus de Septeuil à la gare de Villiers-Neauphle qui faisait deux voyages par jour, puisque Goupillières ne bénéficiait pas de ligne de chemin de fer.